La Compagnie des Spectres
adaptation du roman de Lydie Salvayre
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"Retour sur une création" article paru dans l'ouvrage collectif Lydie Salvayre
Ed. Garnier, Paris, 2021
Ma mère, cette héroïne
Rose, la mère, traîne avec elle les fantômes d’un passé tyrannique, dont le despotisme s’exerce sur le présent comme sur la raison.
Elle guette et débusque partout les agissements sordides des miliciens de Vichy qui ont torturé son frère au printemps 1943. La dame, âgée, surprend dans ses placards des sbires du Maréchal Putain, et accuse l’huissier venu procéder à l’inventaire avant saisie de l’appartement de Créteil, cité des Acacias, d’être l’émissaire de Darnand. Maître Echinard accomplit son office, recense les meubles et biens divers tandis que la dame en peignoir établit le compte des ravages de l’Histoire.
Adaptatrice et metteur en scène, Monica Espina quitte l’Argentine en 1985, après la dictature, pour travailler à Paris et traduire en espagnol des auteurs français, tel Philippe Minyana. Elle choisit de s’emparer avec « La Compagnie des spectres » du thème délicat de la transmission de la mémoire : « Quelles sont les répercussions de la Grande Histoire sur la vie de chacun d’entre nous ? Comment se transmettent –elles de génération en génération ? L’héritage de la violence, l’horreur, les injustices, la cruauté de l’Histoire…c’est tout cela qui nous constitue »
Huis clos grinçant, frôlant de justesse les prix Goncourt et Renaudot, le roman de Lydie Salvayre, publié aux Éditions du Seuil, a reçu le prix Novembre 1997. Fille d’immigrés espagnols installés en France au tout début de la Seconde Guerre, Lydie Salvayre est psychanalyste et pédopsychiatre. Auteur notamment de « La Déclaration », de « La Médaille » et d’une « Conférence à Cintegabelle », elle considère la littérature come ultime lieu de sédition, de « résistance à l’aplatissement de la langue, résistance aux valeurs marchandes, résistance à la pensée unique ». Insoumises, la fille et la mère de « La Compagnie des spectres » décident, au terme des luttes filiales qui les déchirent et les unissent, d’évacuer le triste huissier.
La subversion des mots et l’acuité d’un style dressent le procès d’une humanité repue d’indifférence et de discours lénifiants.
Texte de Pierre Notte
Adaptation, Écriture scénique et mise en scène Monica Espina
Vidéo Brigitte Zieger
Scénographie Magalie Lochon
Avec Laurence Février, Céline Milliat-Baumgartner et Stanislas de la Tousche
distribution
Coproduction Quebracho Théâtre/ Théâtre de National de Chaillot, en coréalisation avec le Théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine et la Bibliothèque Nelson Mandela. Avec l’Aide à la Production Dramatique de la DRAC Ile de France et du THECIF.
mentions
2002 Création au Théâtre National de chaillot
2003 Théâtre Jean Vilar de Vitry sur Seine